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Oleg Voukolov : l’autre peinture

jeudi 2 août 2012, par xax

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A trouver un nouvel énoncé, nous dirions que la peinture de Voukolov est « symbo-réaliste ». Deux termes qui se sont opposés à la fin du XIXe siècle, le symbolisme ayant été une réaction à la fois contre le réalisme et le formalisme (Gauguin en sera le digne représentant pour la France), lesquels, dans l’œuvre d’Oleg Voukolov, se rejoignent parfaitement.
Une œuvre qui montre la terrible vivacité et inventivité d’un art longtemps étouffé de l’autre côté d’un rideau de fer qui n’aimait pas la pensée libre tout en ne s’étant pas trompé sur les qualités (récompensées) d’Oleg.
Si sa peinture peut, au premier coup d’œil, paraître essentiellement décorative, avec toute la richesse qui en découle par la magistrale occupation de l’espace – jusqu’à l’impression d’être happé pour un voyage à travers le cosmos, par la somptuosité des couleurs sur un fond de neige recouvrant tout, comme si rôdait le souvenir douloureux du drapeau blanc de la vieille Russie – il y a de grands vertiges. L’œil plonge attiré par le vide, la main a envie de toucher, de prendre l’objet unique, de le serrer pour s’en aveugler à la fois par un instinct de fuite mais aussi de protection, de résistance.
Cet objet de tous les symboles est un oreiller ou un coussin. Seul ou multiplié, monochrome ou multicolore, douillet, agressif, caresseur, aérien, insolite, écrasé, lié, l’objet le plus banal de notre quotidien prend ici une dimension psychologique, philosophique, cosmique.
L’interrogation allait de soi quant au coussin. Et l’artiste de répondre : « Il est le symbole de la vie. On naît sur un oreiller, on dort la tête dessus, on est malade, il nous soutient. On aime sur lui, on pleure dedans, on se console contre lui. Il peut subir nos colères et dans un pays où la guerre fait rage, c’est lui que l’on prend pour se protéger des éclats d’obus ; que l’on coince dans une fenêtre à la place d’un carreau cassé. Mais il peut servir aussi à étouffer, à tuer ».
Dans l’œuvre d’Oleg, l’oreiller est devenu la matérialisation de notre âme. Il est entré en vie. Il respire et se meut dans tous les espaces. Quand il devient rouge ou noir, le peintre a-t-il pensé à quelques sombres pages de l’histoire de son pays ? Déchiré, ficelé, prisonnier d’éléments humains autant que naturels, il est nous, attelés à nos délires répétés.
Enfin, semblable au rideau d’un théâtre fantastique, parfois apparaît un châle ajoutant que nous sommes à la recherche d’un horizon perdu. Ou bien, allongé, telles les empreintes d’un corps de femme sur un sofa de neige, nous laissant seuls à nos réflexions, c’est un nouveau voyage que nous propose entre fusain et huile confondus, aquarelle ou acrylique, cette œuvre cosmique aux accents tchaikovskiens d’Oleg Voukolov. Tandis que dans un dernier trait d’humour, notre vérité, sous l’aspect d’un insecte géant, s’acharne à maintenir fermées les fenêtres de nos isolements. R.I d’Argence Nice-Matin

Portfolio

  • Musee art contemporain Moscou 2003

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